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Page:Nichault - Anatole.djvu/14

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ans de plus que sa belle-sœur, puisqu’elle en avoue quatre.

— Et cette parente a-t-elle un mari, des enfants, une gouvernante ? Faudra-t-il servir tout ce monde-là ?

— Grâce au ciel, elle est veuve ; et je pense qu’elle est riche, car son mari était, je crois, aussi vieux que son château ; et l’on n’épouse guère un vieillard que pour sa fortune.

— Qui nous amène-t-elle ici ?

— Tout ce qu’il faut pour s’y établir, des gens, des chevaux ; enfin, jusqu’à sa nourrice.

— Ah ! c’est un peu trop fort. Je sais ce que c’est que ces grosses campagnardes, qui se croient le droit de commander à toute la maison, parce qu’elles ont nourri leur maîtresse ; ce sont de vieilles rapporteuses qui, sous prétexte de prendre les intérêts de leur cher nourrisson, vont leur raconter tout ce qui se dit ou se fait dans les antichambres ; Lapierre est bien libre de se mettre au service de celle-là ; quant à moi, je ne compte pas lui donner un verre d’eau.

— Ah ! tout cet embarras ne sera pas éternel, madame s’en lassera bientôt, surtout s’il est vrai que madame de Saverny soit aussi belle qu’on l’assure ; ne savez-vous pas Richard, que deux jolies femmes n’ont jamais demeuré bien longtemps ensemble ?

Les remarques philosophiques de mademoiselle Julie furent interrompues par le retour du carrosse de madame de Nangis. Son entrée dans la cour de