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Page:Nichault - Anatole.djvu/154

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lorsqu’on n’a pas cette espérance, on ne peut s’opposer à ce qu’un autre se charge du soin de son bonheur.

— Je le sens, le mien est à jamais perdu ; mais au moins n’aurai-je pas à me reprocher de l’avoir sacrifié à de vaines considérations. Ma résolution est irrévocablement prise, et je ne réclame plus vos conseils que sur la manière de la faire connaître ; en refusant les offres de M. d’Émerange, je conviens que j’ai de grands ménagements à garder. Indiquez-moi les plus convenables ; et je vous réponds de ma docilité. Mais n’en exigez pas davantage de la raison d’une femme, qui aime mieux vivre malheureuse à son gré que de se voir comblée des bienfaits qui excitent l’envie de tout le monde.

Après avoir écouté attentivement ces derniers mots de Valentine, le commandeur lui prit la main, la porta à ses lèvres avec toutes les marques d’un attendrissement qu’il ne pouvait dissimuler, et il sortit en répétant son exclamation favorite : Quel dommage !



XXVII

On venait d’apprendre le retour de M. d’Émerange, et, comme le dit un de nos auteurs les plus spirituels, il rapportait de son voyage le crêpe et la joie d’un riche héritier. Il ne se passait guère d’heures sans que Valentine pensât à ce retour, et cepen-