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Page:Nichault - Anatole.djvu/181

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expressions de cet amour qu’elle voulait cacher, et en répondant à l’espèce d’interrogatoire que M. de Nangis ne manquerait pas de lui faire subir. Mais elle fut bien étonnée, lorsqu’elle s’aperçut que cette lecture, loin de troubler Valentine, semblait ranimer son courage, et calmer son agitation. Le comte, surpris lui-même de cette tranquillité, dit avec impatience :

— Eh bien, madame, daignerez-vous m’expliquer ce mystère, et m’apprendre si vous connaissez l’auteur de cette lettre ?

— Je pourrais avant tout, reprit la marquise avec dignité, demander comment il se fait qu’elle se trouve dans vos mains avant de m’être parvenue ; mais je veux ignorer sur qui doit tomber le mépris attaché à de tels procédés. Votre âge, le titre de chef de notre famille, et plus encore, la tendresse que vous m’avez toujours témoignée, vous donnent sur moi les droits d’un père ; et c’est au nom de ces droits que je consens à vous répondre avec toute la sincérité que vous devez attendre de mon caractère. Cette lettre m’était destinée, et j’en connais l’auteur.

— Je désire infiniment savoir le nom de ce monsieur qui traite si bien de fat l’homme le plus aimable que je connaisse.

— Son nom ? Je l’ignore.

— Quoi ? s’écria la comtesse, en éclatant de rire d’une manière impertinente, vous ignorez le nom de celui qui veut vous suivre au delà des mers ?