Aller au contenu

Page:Nichault - Anatole.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Valentine ne daigna point faire attention à cette épigramme ; mais elle en punit bientôt la comtesse, en la livrant à la plus cruelle inquiétude. Après s’être épuisé en sentences plus ou moins éloquentes sur l’extravagance des femmes, M. de Nangis dit à sa sœur :

— Il ne faut pas douter que l’amour de ce beau sylphe ne soit l’unique cause des refus que vous adressez à M. d’Émerange !

— Non, répondit Valentine, cet amour n’est pas la seule cause de mon refus.

— C’est pourtant de cette belle passion dont vous avez voulu parler, en nous assurant qu’un motif secret vous empêchait d’accepter sa main.

En cet instant, les yeux de Valentine se tournèrent sur madame de Nangis, elle la vit dans l’attitude d’un coupable qui attend le prix de ses méchancetés. Un affreux tremblement agitait ses membres ; elle écoutait d’un air avide les mots qui allaient sortir de la bouche de sa belle-sœur, et semblait implorer la pitié de sa victime. Il fallait s’être laissée entraîner à tous les torts d’une passion insensée pour méconnaître ainsi le cœur de Valentine ; mais le premier châtiment de ceux qui renoncent à la vertu est de n’y plus croire. Aussi l’étonnement de madame de Nangis fut-il à son comble, lorsqu’elle entendit Valentine donner pour raison de son refus la différence de son caractère avec celui de M. d’Émerange, et beaucoup d’autres motifs, sans ajouter un mot qui pût faire