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Page:Nichault - Anatole.djvu/219

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frir aux regards d’une plus grande assemblée. Elle frémissait déjà de l’effet qu’allait produire son entrée dans le salon de la princesse, et tâchait par mille prétextes d’en reculer l’instant, mais le commandeur qui devinait sa pensée vint lui prendre la main ; elle entendit annoncer.

— Madame la marquise de Saverny.

Elle fut bien obligée de paraître. À ce nom, le silence de l’étonnement régna dans l’assemblée ; chacun se retourna pour voir s’il était bien vrai que la marquise reparût tout à coup dans le monde, après s’en être éloignée si longtemps. La princesse ayant remarqué le mouvement qui s’était fait à l’arrivée de Valentine, se leva pour aller au-devant d’elle, et la conduisit, ainsi que madame de Rhétel, à des places qui avaient été réservées à côté de la sienne. Cette aimable attention toucha sensiblement Valentine ; elle pensa que la princesse avait appris les mauvais procédés dont elle avait souffert la dernière fois qu’elle s’était trouvée dans une semblable réunion, et qu’elle voulait protéger par les marques d’une considération particulière contre l’impertinence de ses ennemis. En pensant ainsi, elle rendait justice à la princesse, et ne se doutait pas que l’influence de l’opinion d’une personne aussi respectable dût ramener celle de tous les gens raisonnables. En effet, tous ceux que les manières inconsidérées et l’ironie continuelle de madame de Nangis commençaient à importuner, trouvèrent assez simple que sa belle-sœur eût témoigné