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Page:Nichault - Anatole.djvu/220

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le désir de ne plus vivre avec elle, et finirent par conclure qu’une femme honorée par la constante amitié de la princesse de L…, et par l’attachement du commandeur, ne pouvait être indigne de l’estime des gens comme il faut. D’après ce raisonnement, plusieurs personnes vinrent s’informer, d’un ton respectueux, des nouvelles de madame de Saverny, et se plaindre de son goût pour la retraite, qui les privait aussi longtemps du plaisir de la voir. Madame de Nangis, placée en face, de l’autre côté du salon, voyait avec humeur les marques de considération que l’on donnait à Valentine, et mettait tous ses soins à cacher le dépit qu’elle en ressentait, par les signes d’une gaieté factice. Cherchant par différents moyens à détourner l’attention favorable qui se portait sur sa belle-sœur, elle demanda la lecture des vers dont chaque poëte, invité à la fête, s’était cru obligé d’accompagner son bouquet. À cette proposition, les plus modestes réclamèrent l’avantage de passer les premiers, pour s’épargner, disaient-ils, le désagrément d’arriver après un succès. Le fait est qu’ils savaient bien à quoi s’en tenir sur la nouveauté de leurs pensées à tous, et qu’ils préféraient le plaisir de les dire, à l’ennui de les répéter.

Déjà plusieurs d’entre eux avaient assiégé l’Olympe pour en rapporter les comparaisons les plus exagérées, et l’on commençait à s’ennuyer de ce cours de mythologie, lorsque le chevalier de Florian, et le chevalier de Boufflers, vinrent au secours des audi-