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Page:Nichault - Anatole.djvu/228

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il est si convaincu qu’il ne manque jamais rien à un grand seigneur pour rendre une femme heureuse !

— Ah ! vous le vantez, et je ne saurais jamais lui supposer tant de respect pour les grandeurs. C’est une vertu de parvenus…

— Dont beaucoup de gens de qualités sont susceptibles, interrompit la comtesse. Mais si vous doutez de l’exactitude de mon jugement sur M. de Nangis, venez vous en convaincre en lui apprenant vous-même le nom et les agréments du rival à qui sa sœur vous sacrifiait.

— Quoi ! vous voulez sitôt ?…

— Vous savez à quelle condition j’ai promis de rejoindre le comte à Varennes, et s’il me serait possible d’aller m’enterrer à la campagne seul avec lui ; c’est uniquement à vos sollicitations que j’ai cédé, en consentant à partir cette semaine : j’ai déjà prévenu toutes les personnes qui doivent m’accompagner ; mais si vous n’êtes pas du nombre, je reste. Enfin, je ne tiendrai ma parole qu’autant que vous serez fidèle à la vôtre.

Cette déclaration intimida M. d’Émerange. Il promit à la comtesse de partir avec elle pour sa terre, en se réservant un prétexte de revenir à Paris où différents intérêts le rappelleraient bientôt. Le plus vif était bien certainement de savoir quel parti allait prendre madame de Saverny dans cette circonstance. Il lui semblait impossible que son amour résistât au