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Page:Nichault - Anatole.djvu/24

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parure, et reconnu qu’elle n’était pas digne des honneurs du concert, l’avait fait passer mystérieusement dans le boudoir, en lui recommandant de ne pas faire le moindre bruit. Elle y était depuis un quart d’heure à méditer sur la différence de cette réception avec celle dont l’espérance l’avait occupée pendant toute sa route, lorsque la princesse vint se jeter dans ses bras, en lui prodiguant toutes les expressions de la plus tendre amitié. Madame de Nangis y joignit les témoignages de la sienne ; mais tous ses soins à prouver combien elle était ravie du plaisir de revoir sa chère Valentine, dissimulaient faiblement l’impatience qu’elle éprouvait de retourner dans son salon. Madame de Saverny la devina bientôt, et supplia sa sœur de ne pas interrompre plus longtemps le concert ; elle lui demanda la permission d’en attendre la fin dans son appartement ; mais la princesse n’y voulut jamais consentir.

— Madame la comtesse, dit-elle, ne souffrez pas qu’elle nous quitte ainsi. Il faut absolument qu’elle entende chanter madame B… C’est un plaisir qu’on ne peut remettre à un autre jour puisqu’elle retourne incessamment en Italie.

— Ah ! madame, excusez-moi, reprit Valentine, je suis en habit de voyage.

— Eh ! que vous manque-t-il, interrompit la princesse, vous avez une robe de taffetas noir qui vous sied à merveille ; avec cette collerette de blonde et ce chapeau de paille, vous êtes jolie comme un ange ;