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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/193

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même ; je voulus m’avancer vers lui ; n’en ayant pas la force, je fus obligée de m’appuyer contre un arbre, pour m’aider à me soutenir, c’est alors qu’il m’aperçut.

— Vous m’attendiez ? me dit-il, ah ! madame, je m’en veux bien d’être arrivé si tard.

Ces froides paroles, le ton tranquille avec lequel il les prononça, me glacèrent ; je restai immobile. John vint recevoir les ordres de son maître. Celui-ci lui recommanda de faire le moins de bruit possible pour ne pas éveiller sa sœur, mais dans ce moment, une des femmes de Lucie arrivait pour nous dire, qu’ayant entendu la voiture de son frère, elle le priait de passer dans son appartement. À cette nouvelle, je fis un effort sur moi-même pour cacher ce que j’éprouvais, et nous montâmes chez Lucie, avant que j’aie trouvé un mot à dire à sir James. J’étais loin de me douter que le supplice auquel sa froideur me livrait, pût s’accroître ; cependant il redoubla, quand je le vis sourire à sa sœur, l’embrasser tendrement, et l’accabler de tout ce que l’amitié inspire de plus sentimental. Sa physionomie avait changé d’expression, et quoique sa pâleur fût toujours la même, il était plus animé. Lucie versa quelques larmes en remarquant son bras en écharpe, et me rendit un grand service en lui demandant s’il souffrait encore beaucoup ?