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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/194

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— Non, a-t-il répondu, le chirurgien m’a permis de quitter cette écharpe dans quinze jours, et rien ne me rappellera plus mon accident. Ce n’est pas lui qui a retardé mon arrivée, mais Frédéric est venu chez moi, au moment où je me disposais à partir ; il m’a parlé de choses si intéressantes pour lui, que nous avons passé toute la matinée ensemble. Le maréchal de V… l’a envoyé à Paris, chargé d’une mission importante ; sachant que j’y étais, il s’est fait aussitôt conduire à mon hôtel. — Je lui ai promis, madame, a-t-il ajouté en se tournant vers moi, de vous témoigner tout ce qu’il a souffert, en apprenant le danger qu’à couru votre Emma, et la part qu’il a prise à tous vos chagrins.

Le nom de Frédéric me rassura un peu ; je pensai qu’il était peut-être la cause de la manière dont James me traitait, et sans trop réfléchir sur les moyens qu’il aurait employés pour produire cet effet, je me suis trouvée moins malheureuse du moment où j’ai pu supposer que cette indifférence marquée ne venait pas de lui ; soulagée par cette idée, j’ai eu la force de lui faire plusieurs questions, et de lui parler de ma reconnaissance ; mais, oh ! ma chère Juliette ! Quelle différence de ce langage apprêté, à tout ce que mon cœur s’était promis de lui dire !… Devais-je m’attendre à un semblable accueil !… Et conçois-tu tout ce qu’il y a d’affreux pour moi !…