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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/114

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ces aventures plus ou moins amusantes qui ornent un voyage sans nuire en rien aux plaisirs du retour, je sens qu’il y va de ma destinée, et qu’après avoir aimé une femme dont la beauté, l’esprit, le charme dépassent tout ce qu’on rêve de plus adorable, il n’y a plus moyen d’être heureux d’aucun autre amour. Oui, je me sens capable de préférer le tourment que celle-là peut me donner, à toutes les joies qui me seraient offertes par une autre.

— Illusion commune à tous les amoureux. Tu en diras autant de la première femme qui te vengera de madame des Bruyères.

— Non, j’ai déjà fait plus d’une fois l’épreuve de mon courage, car elle ne m’épargne pas les tortures de la jalousie. La manière dont elle accueille les soins de lord Richard Needman, me plonge souvent dans des accès de rage d’autant plus douloureux que je les comprime. Le prince Doria, ce beau Romain, arrivé depuis quelques jours tout exprès pour l’adorer, me donne souvent l’envie de le jeter par la fenêtre ; mais au plus fort de mes craintes, de mes fureurs, un mot d’elle, le regard le plus insignifiant, suffisent pour me calmer. Je me dis que son esprit, si complétement français, lui fera toujours pré-