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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/115

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férer un homme de son pays au plus aimable étranger.

— C’est lui supposer un singulier patriotisme. Mais depuis le temps que tu l’observes, que tu l’espionnes même, tu dois savoir à quoi t’en tenir sur ses goûts. Ceux qu’elle avoue doivent aider à découvrir ceux qu’elle dissimule. Te parle-t-elle quelquefois de son mari… défunt ? demanda Adalbert avec un peu d’hésitation ?

— Jamais, et je m’en étonne ; car les jeunes veuves ne tarissent pas d’ordinaire sur les qualités et les agréments du mari qu’elles pleurent…

— Et qu’elles auraient trompé avec délices, interrompit Adalbert. C’est une manière de prouver leur reconnaissance, elles leur savent si bon gré de ne plus les gêner.

— Il est vrai de dire que madame des Bruyères n’affecte pas des regrets amers sur son état de veuvage, et que sa patience à en supporter l’ennui, m’a souvent donné l’idée que son mari était un de ces freluquets bien nés, que le collége range dans les fruits secs, que la diplomatie repousse, que l’armée effraye, et que leur oisiveté, leur incapacité, réduisent à chercher dans un mariage lucratif une existence honnête.

— Ah ! c’est là l’idée qu’elle donne de son mari ?