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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/122

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— C’est fort bien d’être discret, mon cher, et je méprise autant que toi le bonheur bavard ; mais quand on te donne l’occasion de te plaindre, je te demande la préférence, certain que tu ne trouveras jamais personne mieux disposée à t’écouter et à prendre intérêt à tes peines.

— Je suis fort touché de cette preuve d’amitié, répondit Sosthène avec contrainte et amertume ; seulement j’ignore à quoi je la dois.

— Non, tu le sais fort bien ; la scène de ce matin est encore trop vivante dans ton souvenir ; je n’en veux pour preuve que l’agitation qui t’en reste, et cette mauvaise humeur que je brave pour venir à ton secours.

— Qui peut t’avoir dit ?…

— Que dans ta fureur jalouse tu as voulu étrangler cette pauvre petite bête, soupçonnée d’être donnée par un rival peu digne de ta colère ? Mais ce que les domestiques d’une maison savent, est bientôt connu de tout le quartier. Et madame des Bruyères, en mettant son chien sous la protection d’un valet de chambre qui a sa confiance, n’a pu dissimuler le danger que la pauvre bête courait ; enfin, on sait que la comtesse, ravie de trouver hier soir en rentrant le joli chien que je m’étais refusé à demander pour elle, t’a cru l’auteur de