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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/219

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s’était donné la peine d’apprendre par cœur tout le rôle de Brutus dans la tragédie de la Mort de César, par Voltaire, et il se flattait que les vers du philosophe français, ornés de sa déclamation anglaise, seraient doublement appréciés par un auteur. Tout autre aurait été arrêté dans ce projet par la difficulté d’amener à propos les citations, surtout les tirades républicaines, embarrassantes à réciter devant Jules César ; mais lord Needman, autorisé par les conversations rimées de César avec son assassin, et par ces vers :

     « Je déteste César avec le nom de roi ;
     » Mais César citoyen serait un Dieu pour moi. »

se promettait le plus grand succès dans son application à faire parler Brutus par la voix de Voltaire.

Ce succès, il l’obtint : car il n’y avait pas moyen de résister au comique de cette déclamation, à la fois brève, saccadée et ampoulée, dont les imitations de Levassor peuvent seules donner une idée. Il fallait en rire en dépit de toutes ses préoccupations. Ce qui ajoutait au burlesque de la situation, était le soin que chacun prenait d’interrompre ses éclats moqueurs par des éloges fanatiques sur la