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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/284

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qui me reste dans mon malheur ? Si vous saviez quel appui vous m’ôtez, ce que vous êtes pour moi…

— Serait-ce possible, mon Dieu ! dit Édouard en prenant la main de Clotilde. Vous pleurez… Je vous fais pitié… Oh ! ne me plaignez pas. Enviez mes tortures. Vous aimer sans espoir, vivre là, près de vous, de mon adoration, mais c’est un supplice enivrant, semé de plus de joie que tous les triomphes de la terre.

— Ah ! ne profanez pas le plus saint de tous les sentiments, s’écria-t-elle en repoussant Édouard… Oui, votre bonheur était mon plus doux rêve ; je ne pensais qu’aux moyens de l’accomplir, sans laisser soupçonner que je satisfaisais à un devoir ; vous ne l’avez pas voulu, et votre démence me ravit mon unique consolation. Lisez, ajouta Clotilde en présentant à Édouard une lettre ouverte, obéissez à cette voix mourante, et fixez vous-même l’heure de votre départ.

«À ma chère Clotilde,

« Dans ce moment extrême, il n’est plus de secrets, ma fille, et j’emploie le peu de forces qui me restent à te faire l’aveu d’une faute que