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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/299

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soit partie dans trois jours, autrement je ne réponds pas de moi…

— Quoi ? vous, si belle, si noble, vous seriez capable ?…

— Ne m’implorez pas pour elle… interrompit la princesse, sinon vous me rendrez à toute ma rage, à toutes ces horribles pensées que je m’efforce de chasser… Vous n’avez point affaire ici à une de ces petites dames françaises que la coquetterie console de tout, qu’on a toujours le droit de trahir, et qui n’ont jamais celui de s’en venger… En acceptant mon amour, vous êtes devenu l’arbitre de ma vie ; il dépend de vous de la livrer aux actions généreuses, au bonheur, ou au désespoir et au crime… choisissez.

Et, laissant Adalbert à toutes les réflexions que devait inspirer cette menace, dédaignant la réponse que la crainte pourrait dicter au coupable, la princesse sortit sans l’attendre.

Malgré les cruelles impressions qui se disputaient le cœur d’Adalbert, il savoura un moment le bonheur d’être seul, de pouvoir s’interroger et se répondre de bonne foi sur les sentiments qui l’agitaient ; espèce de tête-à-tête fort rare entre les malheureux et leur chagrin, et qu’ils employent plus souvent à s’étourdir sur leurs dangers qu’à s’éclairer sur leurs torts.