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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/37

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qu’il lui proposait. Il est un degré de douleur où la contrariété comme le plaisir sont sans effet. M. Thomassin ne pouvant obtenir de sa fille un seul avis qui pût le guider dans son zèle à la consoler, espéra qu’en mettant un grand espace entre sa nouvelle habitation et celle où elle avait tant pleuré, elle serait moins en proie à ses tristes souvenirs. Il l’emmena avec lui aux États-Unis. Il y avait encore d’immenses intérêts à soigner. Il lui persuada qu’elle lui serait nécessaire. C’est l’unique moyen de rendre le courage aux âmes nobles et abattues.

Clotilde se ranima en donnant des soins aux propriétés de son père, en l’aidant à gérer les établissements qu’il fondait autant par charité que par spéculation. Mais on devine qu’en se soumettant de si bonne grâce à tout ce qu’il désirait, elle s’était révoltée contre la complaisance qui lui avait coûté si cher, et n’avait plus recours à aucune ruse moderne pour embellir sa beauté.

Quand elle revenait sur ce triste sujet de rupture, en comparant les jeunes gens qu’on lui présentait dans les fêtes de New-York avec son mari, dont la distinction en tous genres était le plus doux comme le plus amer de ses souvenirs, lorsqu’elle accusait son père de lui avoir fait perdre à