Aller au contenu

Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

goutteux. Le prince était riche, il s’engageait, en épousant Herminia, à assurer le sort de son père et de ses sœurs ; elle n’en vit pas davantage, et c’est dans toute l’exaltation de la reconnaissance qu’elle le suivit à l’autel et qu’elle lui jura de bonne foi une fidélité impossible.

— Après avoir subi le martyre d’un dégoût insurmontable, ajouta Sosthène, elle est parvenue à réduire les transports conjugaux du vieux prince en amour paternel. Sa goutte ne lui permet pas de sortir ; elle le soigne toute la matinée, puis elle le confie le soir à quelques vieux amis qui font sa partie, pendant qu’elle va dans le monde. Cette manière d’être les arrange tous deux, et permet à la princesse d’accepter les hommages de ses adorateurs, ce qui rend ta position bien meilleure que la mienne. Avoir pour rival un mari plus que désagréable, c’est déjà la moitié d’une bonne fortune, et puis tu rencontres ta princesse tous les jours ; elle ne manque pas une fête, pas un spectacle ; moi j’en suis encore à ma première entrevue. On dirait que mon idole s’enferme dans son temple pour redoubler mon fanatisme.

— Ou pour n’écouter que les prières de son premier desservant.

— Non, c’est une calomnie, je le vois tous les