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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/107

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tion d’être présentée, à la gloire de charger d’armoiries les panneaux de sa voiture, et au plaisir de passer sa vie dans les salons où ses meilleurs amis n’étaient point reçus.

M. de Varèze s’empressa de faire savoir au marquis d’Erneville le succès de sa demande, et M. le marquis, accompagné de son neveu et de son fils, vint aussitôt le remercier de son intervention, dans cette affaire, et lui demander conseil sur la manière dont l’entrevue devait avoir lieu. Pendant que le marquis parlait, Albéric examinait le comte Rodolphe, comme pour chercher un moyen de le montrer le moins possible à son désavantage ; et Isidore, à qui cette préoccupation n’échappait point, en souriait tout bas.

Rodolphe, accoutumé à être traité comme le plus pauvre de la famille, avait un air embarrassé et des manières humbles qui contrastaient avec sa tenue militaire ; du reste, ni grand ni petit, ni beau ni laid, le plus habile physionomiste aurait eu bien de la peine à démêler son caractère à travers le calmé plat qui régnait sur son visage. Albéric essaya vainement de le faire causer : un sourire, un salut était la seule réponse qu’il en pût tirer. Cette épreuve lui inspira l’idée de mettre les futurs en présence à l’Opéra, où ils pourraient se voir toute la soirée, sans être obligés de se parler. L’empressement du marquis à adopter ce moyen confirma M. de Varèze dans l’opinion qu’il se faisait de l’esprit de Rodolphe ; il fut convenu qu’Al-