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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/113

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versation avec madame Ribet et sa fille, cette dernière adressa un salut à la duchesse de Lisieux, et l’accompagna d’un petit sourire d’amitié qui semblait annoncer une intimité future et inévitable. Mathilde y avait répondu avec politesse. Albéric profita de cette occasion pour la saluer à son tour, et comme il sortit peu de temps après de sa loge, elle espéra qu’il viendrait dans la sienne, car il lui devait au moins des remerciments pour le soin qu’elle avait pris de s’informer des nouvelles de sa santé ; mais il ne vint point ; il s’était contenté de se faire écrire chez elle. Mathilde reçut sa carte au retour de l’Opéra, et il lui fallut entendre tout ce que cette manière de rendre ses devoirs aux gens qu’on ne veut pas rencontrer, fournit de réflexions critiques à madame de Méran ?

— Vous êtes donc décidément brouillés, dit-elle, puisqu’il en agit ainsi ?

— Il me semble que pour se brouiller il faudrait au moins se connaître, et je vois si rarement M. de Varèze…

— Qu’importe, reprit la vicomtesse, on se connaît toujours assez pour avoir le droit de se détester.

— Il fait donc profession de me haïr ? demanda Mathilde, affectant moins de curiosité que de dédain.

— Vous haïr ? ce serait admirable, et c’est alors qu’on vous pardonnerait de l’aimer ; mais il est incapable d’un sentiment si vif et qui nuirait autant à sa