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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/114

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gaieté ; c’est en faisant rire aux dépens de ses ennemis qu’il s’en venge : aussi lorsqu’on est insensible au ridicule on n’a rien à craindre d’Albéric. Vous avez eu tort de prendre au sérieux ce petit complot entre lui et madame de Cérolle ; il fallait le laisser entamer la séduction, et la déjouer plus tard. Nous nous serions amusées de leur manége ; n’étiez-vous pas charmée de ses airs distraits, de sa profonde mélancolie, du soin qu’il mettait à se refuser la moindre épigramme, enfin du supplice qu’il s’imposait pour arriver à vous plaire ? Ah ! vous êtes une ingrate de payer si mal de si nobles efforts ; et quoi qu’en dise madame de Voldec, vous auriez pu lui faire tourner la tête ; mais je ne sais quel scrupule vous a tout à coup arrêtée, car cela commençait assez bien. Convenez-en, vous preniez son amour en patience.

— Ses flatteries, vous voulez dire ; comment prendre pour de l’amour des combinaisons d’esprit, de vanité, qui ne sont amusantes qu’un instant, et dont le cœur ne peut être dupe ? Madame de Voldec a raison, je n’ai aucun moyen d’empire sur M. de Varèze ; on peut en donner pour preuve celui qu’elle exerce sur son esprit.

— Eh bien, cet empire diabolique, vous seule pouviez l’anéantir, et le monde entier vous en aurait témoigné sa reconnaissance, car il nous aurait valu quelques moments de repos.

— Vous vous trompez, répliqua Mathilde, à défaut