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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/136

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personnes qui tentent de s’y asseoir ; il n’en permet l’approche qu’à mademoiselle Aspasie, dont la parure éclatante, les manières enfantines, l’air pudique et les jupons trop courts offrent un bizarre assemblage d’audace et de modestie. Tous ses soins sont pour sa future tante ; on dirait qu’en devenant sa belle-fille, car madame d’Erneville représentait alors la mère de Rodolphe, mademoiselle Aspasie a cessé d’appartenir à la famille Ribet. En compensation de cette injure, le bon Rodolphe semble oublier sa naissance en se mêlant sans fierté aux parents de sa fiancée ; madame Ribet les lui présente l’un après l’autre, et décline leurs noms sans parler de leur état, à moins qu’ils ne soient employés dans l’armée : alors ne manquant pas d’appuyer sur tous les grades au-dessus de celui de capitaine, elle s’enorgueillit de montrer à son gendre des parents en état de lui commander.

La partie militaire de la famille avait fort bonne tournure et se mêlait avec avantage, dans cette présentation solennelle, aux élégants dont la cour se pare ; la partie franchement bourgeoise se faisait remarquer par une tenue convenable ; des parures simples, mais cossues ; des manières naturelles, mais calmes ; une gaieté qu’on voyait sans l’entendre ; une cordialité non familière ; enfin par tout ce qu’une bonne éducation ajoute au bien-être d’une fortune honorable. Mais on n’en saurait dire autant de la partie prétentieuse et brillante de cette nombreuse famille ; tous les ridicules