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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/138

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épouser la nièce du millionnaire ; c’est un proche parent de la fière Aspasie ; elle l’a présenté hier à madame d’Erneville, qui soit par crainte ou par caprice, a été fort polie envers lui ; mais elle a beau lui faire des airs gracieux, elle est marquise c’est en vain qu’elle espère l’attirer. Voyez comme il passe devant elle sans la saluer !… il appelle cela de l’indépendance.

— Et cet autre qui affecte l’air indolent le sourire dédaigneux, le connaissez-vous ? demanda madame de Cérolle.

— Si je le connais ! certainement, madame : c’est, dit-on, la sotte copie d’un pauvre original.

— En effet, sa contenance est empruntée, on voit que ses ridicules ne lui appartiennent pas. Comment le nomme-t-on ?

— Mon paillasse, dit Albéric en s’inclinant d’un air modeste.

— Quoi ! c’est vous qu’il prétend imiter en prenant cette attitude nonchalante et cet air goguenard ?

— On l’affirme, madame, et vous conviendrez qu’il n’y a pas d’amour-propre à vous l’apprendre.

— S’il est vrai, reprit madame de Cérolle, que vous soyez pour quelque chose dans les grimaces qui gâtent son beau visage, dans ses manières abandonnées et son regard insolent, il est certain qu’il n’y a pas de quoi se vanter.

— Encore si j’avais ma part dans les succès qu’il obtient ici ?