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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/94

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son amour-propre irrité se promit tous les plaisirs d’une vengeance éclatante. Après avoir essayé sa puissance sur M. de Varèze et s’être convaincue qu’elle n’en exercerait jamais que sur son esprit, elle s’était résignée au rôle de confidente, pour laisser croire qu’elle en jouait un meilleur. Les soins qu’elle prenait d’entretenir Albéric des sentiments qu’il n’osait avouer, des espérances qu’il n’osait concevoir, rendaient leurs conversations si animées et si longues qu’elle passait dans le monde pour la femme qui savait le mieux captiver son esprit. Elle ne le vit pas deux fois dans le même salon que madame de Lisieux, sans deviner le sentiment qu’il lui portait. Cette découverte assurait sa vengeance ; mais il fallait qu’Albéric fût aimé, il fallait que l’amour lui donnât cette puissance du mal contre laquelle il n’est point de secours ; la conduite de Mathilde, les plaintes d’Albéric ne l’auraient pas suffisamment éclairée sur ce point. Son génie malin lui inspira l’idée de fixer son observation sur le colonel Andermont, et le découragement peint dans ses yeux, l’effort qu’il se faisait pour sourire à son ami lorsqu’il le voyait auprès de Mathilde, apprirent à madame de Voldec qu’Albéric était préféré. On n’est aussi malheureux que du bonheur d’un autre, pensa-t-elle ; et de nouvelles observations faites sur le trouble de madame de Lisieux en présence de M. de Varèze, sur l’accablement profond où la plongeait son absence, rendirent bientôt madame de Vol-