Aller au contenu

Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vec maîtresse du secret de Mathilde. Une méchanceté ordinaire se serait contentée de le trahir. Celle de madame de Voldec, plus ingénieuse, le garda soigneusement ; car elle avait peur qu’un indiscret n’en vînt réjouir Albéric, et lui donner dans la certitude d’être aimé, le courage de tout braver pour arriver jusqu’à Mathilde.

Pendant qu’Albéric avait été retenu chez lui par suite de sa blessure, madame de Voldec lui avait fait de fréquentes visites, en se félicitant très-haut de n’être plus assez jeune pour se refuser le plaisir de soigner un ami.

— Que je rends grâce au ciel de n’être plus jolie ! disait-elle en rajustant ses boucles de cheveux devant un miroir, on n’aurait pas manqué de calomnier mes soins, ou bien vous les auriez refusés par délicatesse. En vérité les femmes ne savent pas assez tout ce qu’il y a de profits à n’être plus jeune.

— Sans vieillir, ajouta M. de Varèze.

Et cette flatterie lui valut le plus gracieux sourire.

C’était le lendemain du concert où madame de Voldec avait rencontré Mathilde. Elle raconta avec les plus grands détails tout ce qui l’avait frappée dans cette soirée, en affectant de ne point parler de la seule personne qui l’avait occupée. Albéric prit vainement cent détours pour l’amener à prononcer le nom qui faisait toujours battre son cœur. Enfin, lorsqu’elle vit son impatience au comble, elle dit en riant :