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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/98

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— Celui-là pourrait passer pour un mariage d’inclination.

— Le prince est donc bien aimable ?

— Mais on le trouve intéressant, et je ne crois pas qu’il ait jamais excité votre joyeuse ironie.

— Tant pis pour son altesse, on n’est si bon que pour ceux qu’on ne redoute pas. Mais je devine qui vous voulez dire, et j’ai peine à croire que madame de Lisieux… En êtes-vous bien sûre ? Vous n’aimez pas la duchesse, et j’ai peur que vos préventions…

— Moi, des préventions contre elle ? répliqua madame de Voldec en affectant un ton de bonhomie. Je la trouve charmante, et c’est par égard pour votre ressentiment que je ne vous ai point dit à quel point elle m’a paru belle, jamais je ne l’avais vu si animée par le désir de plaire ; elle avait autrefois un petit air prude et compassé très-disgracieux, mais très-convenable à la jeune femme d’un vieux mari ; son veuvage en a fait justice, et je ne vois plus en elle aujourd’hui qu’une femme destinée à faire les plus brillantes conquêtes. On dit son cœur un peu froid, tant mieux ; elle en aura l’esprit plus libre et sera d’autant plus aimée qu’elle aimera moins. Enfin, je lui prédis de nombreux succès si elle continue comme elle vient de débuter avec vous, et je l’aimerais, rien que pour cette espiéglerie ; je suis toujours du parti des femmes qui nous vengent, ajouta madame de Voldec en prenant