Aller au contenu

Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un air fin qui semblait dire : remarquez bien que ceci est un reproche.

Soit qu’Albéric ne voulût pas s’en apercevoir, soit qu’il fût trop occupé de Mathilde pour penser à madame de Voldec, il se contenta de l’engager poliment à choisir un autre vengeur, si elle croyait en avoir besoin.

— Car si beaucoup de gens me ressemblent, dit-il, les rigueurs de madame de Lisieux n’obtiendront pas l’honneur d’un beau désespoir.

— Quelle présomption ! ne venez-vous pas de risquer votre vie pour elle.

— Il est vrai ; j’avais la fièvre. Dans mon délire j’ai rêvé que j’étais amoureux ; il fallait bien agir en conséquence. Mais l’accès est passé, et je me sens à l’abri de toute rechute.

En ce moment, Maurice entra. Après avoir salué madame de Voldec avec l’air du plus froid respect, il rendit compte à son ami de plusieurs affaires dont il l’avait chargé auprès du ministre de la guerre, et finit par dire :

— Je voulais aussi aller voir madame de Lisieux pour lui donner un avis qui intéresse son beau-frère, mais j’ai reconnu la voiture du prince de S… dans la cour, et je ne suis pas entré, car il m’aurait fallu attendre la fin de la visite pour parler du motif de la mienne, et cela m’aurait peut-être conduit trop tard.