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Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/136

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voiture de sa maîtresse, qui ne doit pas être à plus de deux lieues. Il est d’autant plus pressé d’arriver, que ces dames veulent coucher le soir même à Lyon, et que madame d’Olbiac a de si grandes frayeurs en route, qu’il a l’ordre de ne pas quitter la portière de la voiture dès que la nuit commence à tomber.

— Elles sont seules ? interrompt vivement Gustave : Postillon, doubles guides.

Puis se tournant vers La Pierre :

— Partez vite, mon ami, et dites à madame de Verseuil, que je vais hâter ma marche pour être plus tôt à portée de la suivre et de la secourir en cas d’accident.

— Oh ! ce n’est pas la peine, monsieur, répond La Pierre, monsieur le major Saint-Edme est là, et madame de Verseuil n’est pas peureuse, elle.

— Ah ! puisque c’est ainsi, présentez-lui simplement mes respects, dit Gustave, en se retirant dans le fond de sa calèche.

Alors La Pierre partit au galop, et notre postillon, encouragé par ce bel exemple, nous mena si rondement, que nous arrivâmes avant la nuit dans les détours que forme la route vers la montagne de Tarare. Nous aperçûmes une berline suivie d’un courrier.

— Voilà, dis-je à mon maître qui paraissait absorbé dans sa rêverie, voilà, sans doute, la voiture de madame de Verseuil ; monsieur veut-il que je crie au postillon de tâcher de la rejoindre ?

— Non, c’est inutile, répondit Gustave.

Et je gardai à mon tour le silence, en me livrant à de certaines réflexions que probablement mon lecteur a déjà faites.