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Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/112

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mais en nombre réduit. Au cours des siècles, par suite d’incursions de peuplades plus ou moins éloignées, de naufrages, sa pathologie avait pu s’accroître de quelques maladies importées. Mais, plus le nombre des habitants était restreint, moins il y avait chance que certaines, les plus contagieuses, se conservassent. La plupart des fièvres éruptives n’y pouvaient donc s’acclimater.

L’européen fait escale, il débarque, il revient. Si l’île est située sur un parcours passager, si elle offre des ressources à l’industrie, au commerce, aux rapines, c’est toute la pathologie de l’Europe (et de l’Amérique) qui s’installe. Comment une peuplade primitive pourrait-elle résister à tant de maux ?

La plus instructive des importations de maladies est celle de la syphilis. Là, point d’inconnu. Nous avons des témoins irréfutables. Bernal Diaz de Castillo, compagnon de Cortez, note, dans son journal si instructif, jour par jour, les progrès de la maladie (las bubas) sur les soldats de l’armée conquérante du Mexique. En Europe, la syphilis est reconnue au lieu même de son débarquement sur la côte d’Espagne. L’armée de Gonzalve de Cordoue la transporte à Naples où les Français la contractent ; si bien que, dans notre pays, la