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Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/163

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Le fait s’est produit sans doute plus ou moins souvent depuis que l’on a découvert comment certaines maladies se propagent. Si les annales de la justice ne contiennent pas beaucoup de documents concluants, c’est que, de tous les attentats, il n’en est pas de plus difficile à reconnaître puisque c’est celui qui singe le mieux un fait banal, journalier, la maladie naturelle. La littérature, par contre, nous offre bien des exemples dont le tréponème de la syphilis est le secret héros. Faut-il rappeler la légende qui associe l’un de nos meilleurs rois, sa maîtresse, le mari de celle-ci et le réservoir professionnel de virus auquel le tréponème aurait été emprunté pour assurer, aux dépens de deux intermédiaires, le troisième passage. Si l’inoculation criminelle d’un virus est possible, la maladie transmise s’arrête d’ordinaire à la première victime. Il faut, pour qu’elle se répande ensuite, que son germe soit contagieux. Dans ce cas, les conditions se trouvent être ce qu’elles sont pour la maladie naturelle. Le crime individuel n’a pas des suites différentes de celle qu’aurait eue la contagion la plus fortuite, la plus honnête.

Bien différent est le cas dans lequel on se propose de créer une maladie épidémique et, par son moyen, d’affaiblir ou de détruire une collectivité humaine.