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Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/164

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On a donné à cette catégorie de crimes le nom de guerre microbienne.

Il ne faudrait pas croire que l’homme ait attendu, pour songer à l’utilisation des maladies, la découverte des microbes. De tout temps, des catégories de malheureux ont été accusés de transmettre les maladies contagieuses : lépreux, juifs, sorciers, fous et innocents de toutes espèces. Lors des épidémies de peste d’autrefois, bien des misérables ont été condamnés, torturés sous prétexte qu’ils propageaient le fléau. On les nommait, chez nous, engraisseurs de la peste. Comment auraient-ils pu remplir le rôle abominable pour lesquels ils étaient poursuivis, alors qu’on ignorait les conditions exactes de la contagion ?

Mais, à côté de ces accusations iniques, n’a-t-il pas pu se produire de réelles tentatives criminelles ? Rien de plus vraisemblable. On conçoit pourtant qu’il ne soit possible de rien affirmer sans documents irréfutables. De ces documents, un seul, sans doute nous est parvenu. Il se rencontre dans la correspondance échangée entre le général Amherst, gouverneur de la Nouvelle-Écosse (Acadie), et son subordonné le colonel anglais Bouquet, lors de l’affaire Pontiac en 1763.

« — Ne pourrions-nous pas, écrit le Général,