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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/137

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INTERROGATOIRE.

Cependant ces paroles : Vous ne sortirez jamais d’ici, paroles que prononça Samoilow en me quittant, pesaient de tout leur poids sur mon esprit et sur mon imagination. On dit qu’une conscience tranquille nous console de tous les maux ; sans doute, le témoignage qu’un cœur honnête se rend à lui-même, est dans l’infortune une des plus grandes douceurs ; elle peut nous faire supporter la persécution, l’indigence, les plus grands revers du sort ; mais ce bien si précieux n’est pas capable toutefois de nous dédommager de la privation de la liberté. Accoutumé depuis ma jeunesse à une vie active et indépendante, aimant les plaisirs et étant très-sensible aux charmes de la société, l’idée d’être enfermé dans une prison triste et solitaire, sans jamais respirer l’air frais, sans jamais voir mes semblables, ni même entendre leur voix, d’être réduit à déchirer avec mes doigts les aliments qu’on me servait, de me voir entouré sans cesse de soldats et des précautions d’un espionnage aussi inutile qu’insupportable, et surtout l’idée de

    bité ; il avait su résister à tous les genres de séduction, porter un coup d’œil pénétrant sur les opérations les plus secrètes du cabinet de Russie, et tenir toujours celui de Varsovie au courant de ce qu’il avait à craindre. » Histoire des trois démembrements de la Pologne, tome III, page 206.