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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/199

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ÉLARGISSEMENT.

qu’à cause de l’obscurité de la nuit, on ne vienne vous chercher que demain matin » Après qu’il fut partie, j’eus, de la bouche même des soldats, la confirmation de cette nouvelle. Je la communiquai aussitôt à Bonneau et à Kapostas, leur disant qu’ils devaient bientôt s’attendre à en recevoir une pareille, les assurant d’ailleurs que si je devais sortir plus tôt qu’eux, le premier usage que je ferais de ma liberté serait de travailler de tout mon pouvoir à leur procurer la leur. En même temps, et pour célébrer un si heureux événement, je fis allumer trois petits bouts de chandelle, je fis aux soldats des largesses étonnantes en vin, chemises, mouchoirs, etc. Je me couchai bien tard ; et, pour cette fois-ci, ce fut de joie que je ne pus dormir. C’était enfin pour la dernière fois que je reposais sur ce grabat. Les longues souffrances, dont je ne prévoyais pas de sitôt le terme, allaient être finies dans quelques heures, j’allais être libre, j’allais revoir les hommes et surtout mes amis et bientôt mes parents ! Avec quelle allégresse mêlée d’attendrissement je me représentais d’avance le moment où il me serait donné de les embrasser ! Je me levai de grand matin, je fis faire à mon domestique nos petits paquets, et j’attendis avec la plus grande impatience la bienheureuse arrivée de Makarow. Je reçus de Bonneau une lettre pleine d’inquiétudes ; il y joignait une autre lettre pour le