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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/200

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ÉLARGISSEMENT.

ministre des relations étrangères, me priant qu’en cas qu’il ne fût pas immédiatement élargi, je la fisse parvenir à Sa destination. Je lui réitérai mes assurances aussi fortes que sincères de m’occuper avec zèle de sa liberté. Je n’avais nulle inquiétude sur l’élargissement de Kapostas et de Kilinski. Cependant neuf, dix, onze heures sonnent ; le caporal revient de la ville ; et encore point de nouvelles ! Mes inquiétudes recommencent, lorsqu’à onze heures et demie, j’entendis un grand bruit dans le corridor, la porte s’ouvre, et l’inspecteur de la prison, Makarow, entre chez moi tout essoufflé. Faisant semblant de ne me douter de rien, je commence par lui faire des reproches de ce qu’il nous avait négligés depuis si longtemps. « Je suis hors d’haleine, me dit-il, je ne puis pas parler. » Il s’assied sur mon lit, moi à côté de lui ; puis, après quelques moments de silence, il tire un papier de sa poche et me lit l’ordre de l’empereur signé de sa propre main, qui me rendait ma liberté. Il m’embrassa et me félicita. La manière humble avec laquelle le praporszczjrk s’inclina alors devant moi et m’adressa son compliment, me fit sourire. « Et mes compagnons, dis-je à Makarow, sont-ils libres aussi ? » — « Ils le seront, je crois, mais l’ordre n’en est pas encore expédié ; en attendant faites de suite raser votre barbe, car je n’ai pas, un moment à perdre, il faut que nous partions