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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/206

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ÉLARGISSEMENT.

de sa suite, se rendit en personne au palais d’Orlow, où le général Kosciuszko était gardé. Il lui dit en entrant, que, longtemps condamné à ne pouvoir que plaindre son sort, il était charmé que le moment fût venu, où, en lui rendant la liberté, il pouvait en quelque sorte réparer les longues souffrances qu’on lui avait fait subir. « Vous êtes libre, lui dit-il ; je voulais moi-même vous apporter cette bonne nouvelle. » Quoique Kosciuszko dût être préparé à cette visite, il en fut tellement étonné et saisi, qu’il resta longtemps muet sans pouvoir proférer une seule parole. L’empereur, touché, et peut-être flatté de son embarras, lui parla avec douceur, s’assit à côté de lui, tâcha de le mettre à son aise et de lui inspirer de la confiance ; enfin Kosciuszko le remercia et lui demanda si les autres prisonniers polonais seraient libres. « Ils le seront également, répondit l’empereur, quoiqu’il y eût dans mon conseil une grande opposition par rapport à Potocki et à Niemcewicz ; on les croit trop dangereux. Voulez-vous, ajouta-t-il, me donner votre parole et être garant de leur bonne conduite ? » Kosciuszko répondit qu’il était sûr de moi, mais qu’il ne pouvait s’engager à rien par rapport au maréchal Potocki sans avoir préalablement eu une entrevue avec lui. « Je veux, disait-il, avoir sa parole avant d’engager la mienne. » Paul se montra fort con-