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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/207

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ÉLARGISSEMENT.

tent de ce trait de prudence, qui prouvait combien les intentions de Kosciuszko étaient sincères. Il l’en loua, et dit qu’il pouvait aller voir Potocki quand il voudrait. Kosciuszko lui demanda la permission de pouvoir se retira en Amérique. L’empereur l’accorda, avec la promesse de lui faciliter tous les moyens pour faire ce voyage. Le grand-duc Alexandre fut tellement attendri de l’état de défaillance et de tristesse de Kosciuszko, qu’en sortant, il l’embrassa à plusieurs reprises, et les larmes aux yeux.

Le lendemain, le maréchal Potocki étant trop malade pour pouvoir sortir, Kosciuszko alla le voir. Ils convinrent qu’il serait de la dernière imprudence de marchander sur les conditions de notre élargissement, qu’il fallait céder et promettre tout. Dans le courant de la conversation, le maréchal Potocki lui demanda : « Et votre ami Niemcewicz, est-il déjà libre ? » — « Non, répondit Kosciuszko. » — « Comment pouvez-vous laisser échapper un instant, s’écria Potocki, sans aller chez l’empereur et demander sa liberté, puisque ses ennemis se serviront du moindre délai pour le perdre encore une fois. » Le troisième jour, Kosciuszko alla donc chez l’empereur avec une liste des prisonniers polonais détenus encore : mon nom était à leur tête. La liste fut présentée, et l’ordre signé aussitôt. Cependant