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Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/38

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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

Je ramassai un paquet de ces gazettes, elles contenaient la relation de la mort d’Auguste II et le journal de la diète de convocation ; les discours ampoulés et farcis de mauvais latin m’amusaient extrêmement, j’en lus quelques morceaux au souper. Nous parlâmes de la force de notre position, de la difficulté, de l’impossibilité presque pour l’ennemi de nous y attaquer. À deux heures après minuit, nous reçûmes un exprès du général Poninski. Le général Kosciuszko lui fit écrire de hâter sa marche pour nous joindre le plus tôt possible ; mais, hélas ! c’était déjà trop tard. Le 10 octobre, vendredi, au point du jour, nous fûmes avertis que toute l’armée ennemie s’avançait en ordre de bataille.

Notre petite armée se tenait prête à la bien recevoir. Comme l’ennemi avait des bouches à feu d’un plus grand calibre que les nôtres, il commença la canonnade de fort loin ; ses énormes boulets se faisant jour à travers les broussailles, fracassant avec un bruit effroyable les branches et les sommets d’arbres, venaient tomber au milieu de nous. Nous n’avions que trois ou quatre pièces de douze ; et aussitôt que l’ennemi fut à leur portée, nous le foudroyâmes aussi avec un tel succès, qu’on pouvait voir ses colonnes flotter et la terreur gagner ses rangs. Nous étions sur un terrain sec et élevé, les Russes marchaient