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Page:Nietzsche - Aurore.djvu/177

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AURORE

jadis dans leur silence et leur béatitude divine : ils étaient fatigués des hommes et de leurs affaires d’amour.

151.

Il y a ici un nouvel idéal à inventer. — Il ne devrait pas être permis, lorsque l’on est amoureux, de prendre une décision sur sa vie, et de fixer une fois pour toutes, à cause d’un caprice violent, le caractère de sa société : on devrait, publiquement, déclarer invalables les serments des amoureux et leur refuser le mariage : — et cela parce que l’on devrait attacher au mariage une importance beaucoup plus grande ! en sorte que, dans les cas où il se concluait jusqu’à présent, il ne se conclurait justement pas ! La plupart des mariages ne sont-ils pas faits de telle sorte que l’on ne désire pas avoir pour témoin une troisième personne ? Et cette troisième personne ne manque généralement pas — c’est l’enfant — elle est plus que le témoin, elle est le bouc émissaire !

152.

Formule de serment. — « Si je mens maintenant, je ne suis plus un honnête homme et chacun doit avoir le droit de me le dire en plein visage. » — Je recommande cette formule en lieu et place du serment juridique et de l’usuelle invocation de Dieu : elle est plus forte. L’homme pieux, lui aussi, n’a pas de raison de s’y soustraire : car dès que le ser-