dit le torrent enflammé de la foi en des vérités dernières
définitives ; c’est par le christianisme surtout
qu’il est devenu si furieux.
Fonte de la civilisation. — La civilisation est née
comme une cloche, à l’intérieur d’un manteau de
matière plus grossière, plus commune, fausseté,
violence, extension illimitée de tout Moi individuel,
de tous peuples individuels, formaient ce
manteau. Est-il temps de l’ôter aujourd’hui ? L’élément
liquide s’est-il figé, les bons instincts utiles,
les habitudes de la conscience noble sont-ils devenus
si assurés et si généraux qu’on n’ait plus besoin
d’aucun emprunt à la métaphysique et aux erreurs
des religions, d’aucunes duretés ni violences comme
des plus puissants liens entre homme et homme,
peuple et peuple ? — Pour répondre à cette question,
aucun signe de tête d’un Dieu ne peut nous en
servir : c’est notre propre conception qui doit en
décider. Le gouvernement de la terre en somme
doit être pris en main par l’homme lui-même, c’est
son « omniscience » qui doit veiller d’un œil pénétrant
sur la destinée ultérieure de la civilisation.
Les cyclopes de la civilisation. — Celui qui voit ces bassins ravinés où des glaciers se sont établis