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Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/59

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rain, c’est-à-dire le même monde, tel qu’il apparaissait aux descendants des opprimés, des dépouillés, des violentés, de ceux qu’on avait emmenés et vendus comme esclaves : certes un âge d’airain, dur, froid, cruel, insensible, sans conscience, écrasant tout et couvrant tout de son sang. Si l’on admet comme vrai, ce qui aujourd’hui est tenu pour tel, que le sens de toute culture soit justement de domestiquer le fauve « humain », pour en faire, par l’élevage, un animal apprivoisé et civilisé, on devrait sans aucun doute considérer comme les véritables instruments de la culture tous ces instincts de réaction et de ressentiment par quoi les races aristocratiques, tout comme leur idéal, ont été, en fin de compte, humiliées et domptées ; il est vrai que ceci ne signifierait pas encore que les représentants de ces instincts fussent en même temps ceux de la culture. Le contraire me paraît aujourd’hui non seulement vraisemblable, mais évident. Ce sont ces « héros » des instincts d’abaissement et de haine, héritiers de tout ce qui en Europe ou ailleurs était né pour l’esclavage, ces résidus d’éléments pré-aryens en particulier — ce sont eux qui représentent le recul de l’humanité ! Ces « instruments de la culture » sont la honte de l’homme, ils font mettre