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Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/60

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en suspicion la « culture » même et fournissent un argument contre elle. Il se peut qu’on ait parfaitement raison de ne pas cesser de craindre la brute blonde qui est au fond de toutes les races aristocratiques et de se mettre en garde contre elle, mais qui n’aimerait pas cent fois mieux trembler de peur s’il peut admirer en même temps, que de n’avoir rien à craindre, mais d’être abreuvé de dégoût au spectacle de l’abâtardissement, du rapetissement, de l’étiolement, de l’intoxication à quoi l’œil ne peut se soustraire ? Et n’est-ce pas là ce qui nous attend fatalement ? Qu’est-ce qui produit aujourd’hui notre aversion pour « l’homme » ? — Car l’homme est pour nous une cause de souffrance, cela n’est pas douteux. — Ce n’est pas la crainte, c’est bien plutôt le fait que chez l’homme rien ne nous inspire plus la crainte ; que la basse vermine « homme » s’est mise en avant, s’est mise à pulluler ; que « l’homme domestiqué », irrémédiablement mesquin et débile, a déjà commencé à se considérer comme terme et expression définitive, comme sens de l’histoire, comme « homme supérieur » ; — oui, et encore qu’il ait un certain droit à se considérer comme tel en présence de l’énorme abâtardissement, de la maladie, de la lassitude, de