Aller au contenu

Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 119 —

Mais que ne dut-il pas éprouver ? Personne ne répondit ; personne n’avait compris la question. Ce n’est pas qu’on fut resté muet en général ; au contraire, on répondit à mille questions qu’il n’avait point posées : on chuchotait sur les nouvelles productions comme si elles n’étaient faites que pour être mises en pièces à coups de paroles. Ce fut comme une contagion, et les Allemands s’en donnèrent à cœur joie d’écrire et de jaser sur un ton esthétique ; on se mit à mesurer, à tâter les œuvres et la personne de l’artiste avec ce manque de discrétion, de délicatesse, qui distingue le savant aussi bien que le journaliste allemand. Wagner essaya par des écrits de faciliter la compréhension de sa question ; ils ne produisirent qu’une nouvelle confusion et de nouveaux murmures ; un musicien qui écrit et qui pense était alors un non-sens pour tout le monde ; on s’écria : c’est un théoricien qui veut trans-