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danger : il paraît faux et factice. Car dans la vie la passion réelle ne s’exprime pas par des sentences, et dans la poésie elle éveille facilement des doutes sur sa sincérité lorsqu’elle diffère essentiellement de cette réalité. Mais Wagner qui, le premier, reconnut les défauts inhérents au drame parlé, rend chaque action dramatique intelligible de trois manières différentes, par la parole, le geste et la musique ; de sorte que la musique fait passer immédiatement les sentiments qui animent les acteurs du drame dans l’âme des auditeurs qui voient alors dans les gestes de ceux-ci la première manifestation visible de ces faits intimes, et en perçoivent dans les paroles une seconde image plus affaiblie transformée en une volonté réfléchie. Tous ces effets se produisent simultanément et sans se nuire réciproquement, et forcent celui devant lequel se déroule un drame semblable à une compréhension, à une sym-