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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/173

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sa pensée. Il rattache des espérances là où l’observateur de sang-froid ne fait que hausser les épaules ; il se trompe cent fois pour l’emporter une fois sur cet observateur. De même que le sage ne fréquente en général les hommes vivants qu’autant qu’il croit pouvoir augmenter par eux le trésor de son expérience, de même il semble que l’artiste ne puisse plus avoir de rapports avec les hommes de son temps qui ne concourent pas à immortaliser son oeuvre ; on ne peut l’aimer autrement lui-même qu’en aimant cette immortalisation ; et de son côté il n’est sensible qu’à Une seule des manifestations de la haine qu’on lui témoigne, à celle qui voudrait briser les ponts qui mènent à cet avenir de son art. Les élèves que Wagner instruisit, les musiciens et les acteurs auxquels il fit une seule observation, enseigna un seul geste, les orchestres petits et grands qu’il dirigea, les villes qui le virent dans toute l’ardeur