Aller au contenu

Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 173 —

doute qui commence à se soulever de toute part parle avec plus d’éloquence encore que cet ébranlement : personne ne peut plus dire où ni quand l’influence de Wagner pourra se faire jour tout-à-coup. Il est tout-à-fait incapable de se représenter la prospérité de l’art indépendante de toute autre espèce de prospérité ou de malheur ; partout où l’esprit moderne recèle un danger quelconque, sa méfiance clairvoyante y découvre en même temps un danger pour l’art. Son imagination redéfait pièce à pièce l’édifice de notre civilisation, et rien de frêle, rien qui soit construit à la légère ne lui échappe ; et lorsqu’il y découvre des murailles pouvant résister aux tempêtes et des fondements plus solides, il cherche aussitôt le moyen de les utiliser pour son art comme bastions ou comme abris protecteurs. Il vit comme un fugitif qui cherche à préserver, non lui-même, mais un secret important ; comme une malheureuse femme qui