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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/55

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nous présente le chef-d’œuvre tragique de Bayreuth nous voyons au contraire la lutte des individus avec tout se qui s’oppose à eux sous la forme d’une invincible nécessité, avec la puissance, la loi, l’usage, la convention, avec des séries entières d’ordre de choses. Pour les individus la plus belle vie est de mûrir pour la mort dans le combat, et de se sacrifier pour la justice et l’amour. Le regard mystérieux que la Tragédie tourne vers nous n’est point un charme énervant et paralysant. Cependant elle exige un certain repos tant que nous sommes sous l’influence de son regard. Car l’art ne nous est pas donné pour le moment même du combat, mais pour les moments de repos qui le précèdent ou l’interrompent, pour ces instants fugitifs où, raminant le passé, pressentant l’avenir, nous comprenons le symbolisme, où, avec l’impression d’une légère fatigue, un rêve rafraîchissant s’abaisse sur nous. Le jour