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Page:Nietzsche - Richard Wagner à Bayreuth (trad. Baumgartner).djvu/56

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et la lutte vont commencer, les ombres sacrées s’évanouissent, et l’art est de nouveau loin de nous ; mais sa consolation est restée répandue sur l’homme comme une rosée du matin. Le malheureux ne rencontre que trop à chaque pas son insuffisance et son impuissance personnelles ; comment trouverait-il le courage de combattre s’il n’était pas devenu d’abord par cette consécration quelque chose d’impersonnel ! Les plus grandes souffrances que l’individu peut éprouver, le manque d’accord sur la vérité parmi les hommes, l’incertitude des derniers résultats de la science, l’inégalité des facultés, tout cela fait qu’il a besoin de l’art. Nous ne pouvons pas être heureux tant qu’autour de nous tout souffre ou se forge des souffrances ; on ne peut pas être vertueux tant que le cours des choses humaines est dirigé par la violence, le mensonge et l’injustice ; on ne peut pas même être sage tant que l’hu-