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Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/165

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toutes les îles du monde, et qui vivoit depuis cinquante ans des aliments grossiers de la prison et des ressources incertaines de l’aumône.

Quoiqu’elle ne me paroisse pas fort amusante, le vieillard bienfaisant de Damas l’avoit écoutée avec plus d’attention que je ne serois capable de lui en prêter moi-même, si j’étois obligé de la relire. Mais, comme l’heure s’avançoit, il se leva en bénissant ses hôtes, et en les ajournant au lendemain pour entendre la suite de leurs récits.


seconde journée.


Le lendemain, les trois vieillards voyageurs se rendirent chez le vieillard de Damas, à l’heure où ils étoient conviés. Ils reçurent chacun une bourse d’or comme la veille, et s’assirent au banquet avec un parfait contentement, car ils n’avoient été depuis longtemps ni si bien accueillis ni si heureux. Douban le riche paroissoit surtout s’étonner d’être si à son aise dans ses affaires, et de vivre si largement.

Quand le repas fut terminé, le bon vieillard de Damas se tourna du côté du second des trois vieillards qu’il avoit à sa droite, et lui témoigna par une douce inclination de tête qu’il auroit aussi plaisir à entendre son histoire. Celui-ci ne se fit pas prier davantage, et raconta ce qu’on va lire :


HISTOIRE DE MAHOUD LE SÉDUCTEUR.


Seigneur, dit-il, je ne vous occuperai pas longtemps des particularités de mon enfance, car elles vous ont été rapportées avec beaucoup d’exactitude par celui de mes