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Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/78

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l’Imitation de Jésus-Christ : Le souci ronge ceux qui aiment.

Le vieux page averti s’étoit relevé lourdement de sa banquette. Mon père reconduisoit M. Cazotte, et je sautois pendu à sa main.

Quand il fut parti, Legouvé fit deux tours dans la chambre, en murmurant d’un ton assez maussade : — Il n’y a pas dans tout ce radotage l’apparence d’un motif dramatique.

— J’y ai vu, dit Marsollier en caressant son jabot, l’intention de deux scènes d’intérieur assez bien indiquées, mais qui auroient besoin d’arrangement et de style.

Pour moi, pensai-je tout bas, j’en ferai un jour un bon pasticcio, et je ne perdrai pas un seul des détails qui m’ont frappé, car j’écrirai dès ce soir.

— Et si tu n’entends jamais le reste ?… me dit mon père, qui avoit deviné mon dessein, en me voyant mettre la main sur son écritoire et sur son papier.

— Alors, lui dis-je, mon pasticcio ne finira ni plus ni moins que les Quatre Facardins.

Quatre mois après, le bon Cazotte avoit porté sa tête sur l’échafaud de la terreur toute jeune encore. À peine sortie du berceau, elle dévorait des vieillards.