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Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/213

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« Les Flandres, la Provence et toute la Romagne,
« La libre Normandie, et l'Écosse et l'Anjou ;
« Avec toi, la Bavière, avec toi le Poitou,
« La Pologne, la Saxe : avec toi, brave et claire,
« Si Dieu l’avait permis j’aurais conquis la terre !
« Maintenant, après tant de luttes et d’exploits,
« Après avoir rangé vingt peuples sous nos lois,
« Tu t’en irais tomber, vulgaire et méprisée,
« Dans les mains d’un païen… Ah ! sois plutôt brisée !
« Car Dieu ne voudrait pas, après tant de succès,
« Infliger tant de honte à l’arme d’un Français ! »
Pour la troisième fois sur une pierre bise
Il frappe : l’air gémit, la pierre se divise…

L’acier demeure intact et ne peut s’ébrécher.

Roland qui sent la mort par degrés approcher,
Et son cœur se serrer sous cette rude étreinte,
S’assoit sur l’herbe verte, et d’une voix éteinte :
« Puisque je vais mourir sans t’avoir pu briser,
« Durandal, sainte épée ! ô laisse-moi baiser